« CARRARA IL CREPUSCOLO DELLA MONTAGNA » de Julie HASCOËT
La Galerie Lillebonne,
Espace culturel d’art contemporain
Présente
« CARRARA
IL CREPUSCOLO DELLA MONTAGNA »
JULIE HASCOËT
Du 8 janvier au 8 février
Vernissage et lancement du dernier numéro de la revue idoine le vendredi 10 janvier à 18h.
« Carrara, il crepuscolo della montagna » associe une recherche photographique avec une documentation historique et militante, dressant un portrait de Carrare au travers de ses luttes et de l’évolution de son paysage. Ce projet donne à voir les liens qu’entretiennent les pratiques politiques avec un territoire donné – ici, celui des carrières de marbre, depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à l’heure du capitalocène.
C’est une petite ville, coincée entre la mer et la montagne.
La plaine est une vaste zone industrielle.
Depuis le port, on observe la valse des porte-conteneurs qui s’en vont vers le large ; on arpente la marina – hameau de campings aux bungalows déserts, fermés pour la saison ; on marche sans but, aux premières heures du soir, le long d’une voie ferrée qui a oublié sa destination. Un désordre de cyprès déchiquetés borde le rivage, les camions ralentissent la cadence sur la route principale. Ce n’est pas une de ces villes côtières propice au tourisme des plages, pas une carte postale. La mer se retire, grise et sale, une mer de métal – comme la coque ternie des navires qui raturent l’horizon.
Au loin, sur les hauteurs, la chaîne des Alpes apuanes se teinte d’un voile rose à mesure que le soleil descend. Étincelants, les sommets sont d’une blancheur de neige : on pourrait s’y méprendre. En grec, marmaros signifie roche resplendissante – pourtant, dans ce coin isolé de Toscane, la montagne a perdu de sa superbe, endommagée par une industrie grandissante qui en a dévoré les sommets. Le panorama se divise en plusieurs bassins marmifères, offrant au promeneur un spectacle aussi fascinant qu’effroyable : un relief rongé de toutes parts, livré à l’appétit vorace d’une myriade de machines toujours plus performantes.
On connaît Carrare pour ses marbres,
moins pour son histoire politique.
C’est pourtant dans ce paysage de carrières aux découpes franches et froides que s’est développée, des siècles durant, une expérience particulière de la révolte et de l’insubordination. Bastion de l’anarchisme depuis la fin du XIXème siècle, la ville a vu se transmettre et se transformer un ensemble de pensées et de pratiques, de revendications et de luttes qui, appliquées à ce territoire et sa géographie si singulière, forment un ensemble pour le moins détonant.
« Julie Hascoët développe ses projets en lien avec les territoires qu’elle arpente. De la Bretagne au Mexique, et sur les routes d’Europe, souvent dans son travail reviennent les mêmes figures : des lumières incertaines, des paysages aux ciels chargés, des rochers humides, des parpaings et du béton, des choses laissées là, des murs en construction ou abandonnés, des corps couchés et des regards au loin. Il y a dans ses images, qui évoquent les ruines du monde contemporain, une tension entre le passé et le devenir, entre le fragile et le brutal. Elle développe une recherche artistique à la frontière d’une écriture documentaire et d’une approche symbolique, s’articulant autour de questions liées au territoire et son occupation, à l’architecture, à la cartographie et au nomadisme. Sa pratique de la photographie s’étend aux domaines de l’installation, de l’écriture et de l’auto-édition. »
« Diplômée en 2012 de l’ENSP d’Arles, [Julie Hascoët] s’intéresse depuis une décennie aux espaces marginaux et symboliques. À la fois enquête anthropologique et déambulation poétique, sa démarche artistique donne à voir des géographies qui incarnent des utopies très différentes de leur abandon apparent. Refuges, enveloppes matricielles, elles révèlent en creux le monde du dehors et témoignent de lisières sociales et architecturales. La série Murs de l’Atlantique, qui a débuté en 2013, éclaire cette réalité. Un dialogue étonnant s’instaure entre les blockhaus de la Seconde Guerre mondiale, qui émaillent les plages de la côte bretonne, et les espaces de free-parties, ces fêtes techno illégales dont la dimension politique dépasse celle du divertissement. Avec, de part et d’autre, des matières brutes, des rencontres secrètes, de la résistance. »
« Les réflexions menées par la photographe autour d’initiatives créatrices, échappant au regard et au contrôle, à l’emprise étatique ou institutionnelle, favorables à l’élaboration d’outils émancipateurs, sont omniprésentes dans ses productions. Son travail photographique reflète l’ouverture et la perméabilité de ses recherches. Que ce soit l’introduction d’une part d’ex-térieur dans la cellule de détenus, l’exploration d’habitations troglodytes, l’étude de réseaux souterrains, ou la création d’une plateforme de fanzines auto-édités, Zines of the Zone, la mise en mouvement des idées et des formes par leur itinérance est une caractéristique fondamentale de son pro-cessus de pensée et des projets qu’elle mène. »
GALERIE LILLEBONNE • 14 Rue du Cheval Blanc • Nancy
Exposition ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous pour les groupes. Contact: galerielillebonne@mjclillebonne.fr